Entrer dans l’ère digitale, c’est préserver l’emploi

Berne, 25.10.2018 - Discours de M. le Conseiller fédéral Johann N. Schneider-Ammann, chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche DEFR - Digital Day @EPFL

La version orale fait foi

 

C’est avec un très grand plaisir que je participe à cet épisode de ce Digital Day, organisé par digitalswitzerland et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Tout particulièrement parce qu’il réunit deux thèmes qui m’ont à la fois passionné et préoccupé au cours des huit ans passés au Conseil fédéral et à la tête de mon département: la digitalisation et la formation.

Alors que je m’apprête à quitter mes fonctions, j’ai la satisfaction de répéter partout où je vais: «La Suisse est un petit paradis». Je peux répéter cela parce que la Suisse se voue dans tout ce qu’elle entreprend à l’excellence. Vous vous vouez à l’excellence.

Excellence dans la formation.
Excellence dans la recherche.
Excellence dans l’innovation.

Croyez-moi, c’est extrêmement satisfaisant lorsqu’on va à l’étranger et qu’on peut parler avec tous les interlocuteurs les yeux dans les yeux. Et cela quel que soit la taille du pays que cet interlocuteur représente. Pour cela, je vous remercie et vous félicite.

Pourquoi sommes-nous ici ce soir ? Pour débattre comment nous pouvons pérenniser l’excellence dont la Suisse fait preuve. Car c’est bien connu: atteindre le sommet, ce n’est rien. C’est y rester qui est vraiment difficile.

La formation joue un rôle central dans cette lutte pour rester au sommet. Il s’agit de transmettre le savoir-faire. Mais il s’agit aussi constamment de le parfaire. Il faut aussi veiller à ce que tous ces efforts soient appréciés à leur juste valeur.

Pour cette raison, j’ai été déçu d’apprendre que nous avons cédé la première place dans le World Competitiveness Report du WEF. Mais d’un autre côté, quand vous apprenez que 60% des indicateurs ont été modifiés, vous commencez à relativiser. Ce qui nous joue un tour, c’est la taille de notre marché intérieur.

Mais là, on n’y peut pas grand-chose. Notre absence de goût pour le risque nous a aussi fait perdre quelques points. Pour cette raison, je plaide tous les jours pour que les Suisses aient un peu plus la mentalité start-up.

Mais la mentalité d’un pays n’est pas facile à changer. Par contre, lorsque vous apprenez que la complexité de nos tarifs douaniers nous a mis au 140e rang sur 140, je fais vraiment la grimace. Là, c’est notre goût de la perfection qui nous piège. Cela va à l’encontre de tous mes efforts pour lutter contre la bureaucratie.

Par contre, en matière de formation, le WEF nous met au 2e rang, juste derrière la Finlande. C’est certainement la bonne nouvelle, car je reste convaincu que cela reste le facteur central de notre réussite.

Mesdames et Messieurs,

Il ne faut bien évidemment pas surestimer la valeur de ces classements. Mais ils permettent tout de même de se faire une idée où on en est. Ils mettent le doigt sur d’éventuelles faiblesses que nous pouvons corriger.

Je suis cependant persuadé que la plupart d’entre vous n’ont pas besoin de cela pour s’engager sans compter pour l’avenir de notre pays. Aujourd’hui, cet avenir se mesure à sa capacité de s’adapter au tsunami numérique qui bouleverse notre économie.

Non que cela date de hier. L’automatisation et les systèmes informatiques étaient déjà un thème quand j’ai commencé mes études d’ingénieur en électrotechnique à l’ETHZ. (Oui, j’ai étudié chez la concurrence, mais mon fils a étudié ici).

Mais aujourd’hui, la numérisation a atteint un stade de croissance exponentielle dans tous les domaines.  Nous devons y faire face. Et la meilleure des façons pour y faire face, ce n’est certainement pas de réglementer, d’interdire ou de taxer. La meilleure façon, c’est de former.

Et cela à tous les niveaux. Formation primaire et secondaire. Formation professionnelle. Formation académique.

Et, bien sûr, formation continue. Les nouvelles technologiques numériques doivent y trouver leur place. Une place centrale. L’expérience a prouvé que ce sont les pays qui embrassent le progrès technologique et scientifique qui ont les meilleures chances de préserver l’emploi.

Une récente étude prévoit la disparition de 1,2 millions d’emplois d’ici 2030 en Suisse. Mais ses auteurs sont aussi convaincus que 800'000 nouvelles places de travail seront créées grâce à la numérisation.(1)

Ils prévoient, certes, un déficit de nouvelles places par rapport à celles qui sont rendues obsolètes. Il faudra voir si cela se confirme et quels seront les effets de l’évolution démographique. Ce qui est clair, c’est que si nous ne nous engageons pas sans réserve dans la révolution numérique, ces emplois ne seront pas créés chez nous. Nous devons donc nous y lancer. Les nouveaux jobs de demain demanderont en particulier:

•    Plus de compétences sociales;
•    Plus de flexibilité et d’adaptabilité;
•    Et, enfin, plus de créativité.

De toute évidence, ce seront des emplois plus intéressants et mieux rémunérés. Notre devoir, c’est de faire tout ce qui est en notre pouvoir afin que le plus de personnes possibles soient en mesure de remplir ces nouvelles exigences. Je ne dis pas que cette transformation ne sera pas douloureuse ou conflictuelle. Mais nous devons tout faire pour laisser le moins de gens possible au bord du chemin.

C’est là tout le sens de notre partenariat social, du dialogue et de la recherche de solutions consensuelles. Mais si nous voulons assurer l’avenir de ceux qui peineront à trouver leur place dans le monde du travail de demain, nous devons en premier lieu assurer la prospérité de notre pays.

C’est seulement à cette condition que nous pourrons financer nos œuvres sociales et garantir un minimum de sécurité pour tous. Pour atteindre ces objectifs, la formation occupe une place centrale.

Mesdames et Messieurs,

Avec la révolution numérique, notre système éducatif se trouve devant le plus gros défi depuis la création de l’école obligatoire. Celle-ci est née pour répondre aux besoins de la 1ère révolution industrielle. Aujourd’hui, nous devons faire face à la révolution numérique.

Et ceci à une époque où les demandes à l’égard de l’école n’ont jamais été aussi élevées et diverses. Pour ne pas dire disparates! Or, les ressources financières, les capacités des enseignants ou l’attention des élèves et étudiants ne sont pas illimitées.

Nous devons faire des choix. Un seul critère doit décider du contenu de nos programmes scolaires: est-ce que nos choix permettent d’assurer des perspectives, c’est-à-dire un job. C’est peut-être trop terre à terre pour certains.

Mais si nous ratons cette mission, nous ratons toutes les autres. Cela ne veut pas dire que nous devons abandonner une éducation visant à développer l’esprit critique. A l’ère du «fake news», c’est même plus indispensable que jamais. En ce qui concerne les ressources matérielles, la situation est pas moins délicate.

On a souvent l’impression qu’il suffit de mettre quelques PC’s dans une classe ou de distribuer des iPads à tous les élèves pour avoir résolu la question de la formation.

Mais: Les coûts des investissements sont élevés et il est très facile de se tromper. Plus grave encore, la rapidité de l’obsolescence informatique contraint constamment à renouveler le matériel. Je ne dis pas qu’il faut se montrer avare. Loin de là. Mais nous devons peut-être réfléchir un peu différemment.

Aujourd’hui, presque tous les élèves ont dans leur poche plus de puissance informatique que tout le programme Apollo qui a mis les premiers hommes sur la lune. Cet immense parc informatique de nos jeunes est constamment renouvelé, donc up to date. Je parle de leurs smartphones. Nous devrions peut-être réfléchir comment nous pouvons mieux mettre à profit toute cette puissance numérique qui sommeille dans les poches des élèves.

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de conclure. Je crois que les enjeux sont clairs pour tous. Je suis extrêmement heureux d’être parmi vous ce soir et de pouvoir suivre vos débats. Je me réjouis de vous entendre et je suis convaincu que, ensemble, nous trouverons les meilleures pistes pour que notre pays arrive sans encombres dans l’ère numérique.

Je remercie digitalswitzerland et l’EPFL d’avoir organisé cette soirée sur ce thème essentiel pour l’avenir de notre pays. Pour ma part, je suis heureux d’avoir pu contribuer au cours des huit années écoulées au débat de la numérisation et de mettre en place quelques politiques qui nous permettront de l’affronter avec confiance.

Je continuerai à suivre ce débat avec le plus grand intérêt.

Merci pour votre attention.

(1) THE FUTURE OF WORK:  SWITZERLAND’S DIGITAL OPPORTUNITY, McKinsey Global Institute, October 2018.


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