Seule la version orale fait foi.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres de la communauté de recherche et d'enseignement de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne,
Mesdames et Messieurs les ingénieurs diplômés de la volée 2024,
Chers parents et invités,
Mesdames et Messieurs,

Grâce à votre invitation, dont je vous remercie, l'occasion m'est offerte de m'exprimer pour la seconde fois lors d'une « Magistrale ». C'est un privilège que je savoure avec d'autant plus de plaisir que cette cérémonie s'adresse en premier lieu à la jeunesse, et donc à l'avenir.

Chers diplômés, vous achevez aujourd'hui une première étape importante de votre vie de jeunes adultes. Une étape de formation auprès de l'une des meilleures universités techniques au monde, une étape assurément difficile. Je vous félicite de ce succès. Vous pouvez en être fiers.

A propos d'éducation, un vieil adage latin, transposé au XIXe siècle, affirmait ceci [je cite] : « Non scholae sed vitae discimus. » Nous n'apprenons pas pour l'école, nous apprenons pour la vie.

En effet, ce diplôme couronne un parcours formatif, mais il vous ouvre surtout des portes sur un très large éventail de perspectives professionnelles à plus long terme.

Trois itinéraires partis de l'EPFL nous éclairent sur les trajectoires possibles :

le biophysicien Jacques Dubochet a remporté le prix Nobel, l'architecte Charles Kleiber est devenu secrétaire d'Etat, et Mattia Binotto, titulaire d'un master en génie mécanique, évolue actuellement dans les plus hautes sphères de la Formule 1. Que ces exemples vous soient inspirants !

Je pourrais encore évoquer des noms aussi célèbres que Logitech, Nagra ou Swissquote dont la genèse est elle aussi intimement liée à l'EPFL. Cependant, je ne voudrais pas donner à penser que cette école ne vit qu'à travers la lumière de celles et de ceux qui ont connu un succès hors norme. La science, l'économie, la société dans son ensemble vivent aussi des services rendus dans l'ombre par des femmes et des hommes au bénéfice d'une solide formation qu'ils ont enrichie de compétences personnelles éminentes : l'intelligence, le talent, la curiosité et la persévérance sont de celles-là. Je me réjouis aussi de constater que certains diplômés de l'EPFL trouvent leur voie dans l'administration fédérale où ils apportent une expertise bienvenue et des approches originales.

Il s'agit en effet de concevoir la formation comme un bienfait au sens large : l'EPFL ne forme pas que des esprits cartésiens ; en premier lieu, elle transmet et développe des connaissances, elle fournit ainsi des compétences et rend ses étudiants aptes à engager leur responsabilité et à en assumer. Pouvoir s'appuyer sur ces ressources humaines-là, au sens strict du terme, dans un monde où tout n'est par définition qu'instabilité et mouvement, c'est un atout primordial.

Ce tourbillon que j'évoque affecte aussi bien l'environnement, la situation géopolitique, les nouvelles technologies cognitives et quantiques, que l'économie ou encore les finances publiques, autant de domaines où l'aplomb et la fiabilité sont requis et appréciés.

Pour affronter les problèmes de notre époque, qui se caractérisent par leur brusquerie et leur complexité, les aptitudes que vous aurez acquises au sein de cette haute école vous seront du plus grand secours, non seulement pour vous à titre personnel, mais aussi et surtout pour le monde qui vous entoure, et pour les solutions dont il a besoin.

Preuve en a été faite il y a quelques années à peine avec la pandémie de Covid qui nous a donné une illustration pratique et directe de l'importance de la recherche et du développement ainsi que d'un transfert de connaissances qui soit efficace.

Comme nous le verrons sous peu dans le contexte des Alumni Awards de l'EPFL : le recyclage des matières premières et l'économie circulaire, le transfert des méthodes de la science des données dans l'économie réelle, la sécurité dans les réseaux numériques actuels et futurs et, de manière générale, la diffusion des connaissances et des technologies dans un monde tout en accélération et en imbrication, ne sauraient être envisagées sans les contributions fondamentales de la science et des personnes qui la font avancer.

C'est pourquoi nous sommes heureux et fiers de pouvoir compter en Suisse sur deux hautes écoles polytechniques ainsi que sur toutes les autres institutions qui consacrent à la recherche leurs compétences et leur énergie.

L'EPFL a connu un formidable épanouissement au cours de ce millénaire et elle est sortie avec assurance de l'ombre de la prestigieuse EPFZ. Aujourd'hui, elle a elle-même sa place parmi les meilleures hautes écoles du monde et elle se trouve avec Zurich dans une relation absolument saine et mutuellement profitable de partenariat et de compétition.

L'EPFL a misé plus tôt que d'autres sur des domaines porteurs comme les sciences de la vie, les sciences des données ou l'intelligence artificielle, sans pour autant négliger ses champs de compétence traditionnels, dont nous avons partout grand besoin, notamment en ingénierie, en sciences naturelles et en architecture. Elle a également soigné ses contacts avec l'économie dans l'intention d'y trouver des débouchés permettant l'application concrète de ses inventions et développements. L'EPFL Innovation Park, premier du genre en Suisse, qui compte aujourd'hui plus de 30 grandes entreprises et plus de 100 start-up employant au total plus de 2800 personnes, témoigne avec éloquence de l'esprit d'entreprise qui souffle ici et qui marque tout l'Arc lémanique de son empreinte.

Au cours des deux dernières décennies, l'influence de l'EPFL s'est également accrue dans toute la Suisse romande par la création d'importantes synergies scientifiques et économiques en collaboration avec les hautes écoles locales et d'autres partenaires de recherche.

Ce départ vers une nouvelle dimension, ajouté à la confiance en soi renforcée de l'EPFL, est symbolisé par des créations architecturales qui symbolisent le campus actuel et qui sont admirées dans le monde entier. Je pense en particulier au spectaculaire Rolex Learning Center du studio d'architecture japonais SANAA, dont la cofondatrice et codirectrice est aujourd'hui parmi nous en tant que nouvelle doctoresse honoris causa de l'EPFL. Qu'elle soit cordialement saluée !

Le fait que ces bâtiments ne soient pas de simples constructions de prestige, mais qu'ils profitent véritablement à la collectivité par leur fonction, témoigne de l'esprit d'ouverture de l'EPFL. Grâce à lui, elle est devenue l'une des hautes écoles les plus cosmopolites du monde, puisque quelque 130 nationalités différentes se côtoient sur son campus.

Si je puis former un vœu à l'adresse des diplômés du jour, c'est qu'ils n'oublient pas le privilège qu'ils ont eu d'étudier ici, dans d'excellentes conditions et avec des professeurs remarquables. En mettant demain leurs connaissances à la disposition de la société civile, de nos nombreuses PME, de nos multinationales et de nos instituts de recherche qui concourent à ce que notre pays puisse rester l'un des plus innovants et l'un des plus prospères du monde, ils forment en quelque sorte un cercle vertueux. Et s'ils choisissent d'entreprendre une carrière à l'étranger, je leur dis ceci : « Ne rompez pas les liens que vous avez tissés ici : mettez-les plutôt en avant en devenant les ambassadeurs de nos hautes écoles.
Avant de conclure, je voudrais rendre hommage au Professeur Martin Vetterli, qui vit aujourd'hui sa huitième et dernière « Magistrale » en tant que président de l'EPFL. Cher Martin Vetterli, énumérer vos mérites cumulés de chercheur, de président du Conseil de la recherche du Fonds national suisse et de président de l'EPFL est une tâche qui me conduirait largement au-delà du temps qui m'est imparti. Qu'il me soit malgré tout permis de vous remercier de votre engagement en faveur de l'EPFL et de la place scientifique suisse. Vous avez été, vous aussi, un remarquable ambassadeur de nos hautes écoles et un défenseur engagé, si ce n'est ardent, de la science de notre pays. Notre relation a représenté pour moi un réel enrichissement personnel, empreint de confiance et de cordialité, même s'il est difficile de concilier les réalités politiques, toujours terre à terre, avec les attentes scientifiques, toujours en vol. Je me réjouis que nous ayons néanmoins trouvé les compromis nécessaires et j'espère que nous aurons encore bien des occasions d'échanger autour des thèmes qui nous intéressent.

J'en profite naturellement pour saluer Mme la Professeure Anna Fontcuberta i Morral qui reprendra le flambeau en janvier prochain, première femme à présider une école polytechnique en Suisse ! Je m'en réjouis avec une parfaite sérénité, car j'ai la conviction, avec le Conseil fédéral, que vous saurez créer une dynamique à votre image, avec bienveillance, ténacité et stature. Je vous souhaite le meilleur pour la phase de transition en cours et pour votre entrée en fonction.

Longue vie à l'EPFL, bon vent à ses diplômés et bonne suite de journée à toutes et à tous !

Un diplôme au service de la science et de la société