La Suisse moderne, un Etat doté d’une robuste Constitution

Cully, le mardi 1er août 2023, 01.08.2023 - Allocution de M. le Conseiller fédéral Guy Parmelin Chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) à l’occasion de la Fête nationale 2023

Chères Confédérées, chers Confédérés,
Chers amis de Lavaux,
Chers hôtes de passage,
Mesdames et Messieurs,

Il y a quelques semaines se déroulaient ici les festivités célébrant le tricentenaire de la mort du Major Davel. Retenu par d'autres obligations, je n'ai malheureusement pas pu m'associer à l'hommage cantonal rendu à l'illustre Vaudois, ni livrer mon propre témoignage sur le sens de son œuvre. J'ai néanmoins beaucoup apprécié la richesse des évocations qui m'en ont été rapportées.

Dans la bouche des élus, des historiens, des journalistes ou des gymnasiens, le souvenir de Davel apparaissait contrasté, encore puissamment vivace bien que largement estompé par l'écoulement du temps. Ainsi en va-t-il du mythe : suffisamment prégnant pour éclairer notre identité et nos valeurs, souvent trop légendaire en revanche pour les incarner de façon totalement convaincante.

Les célébrations sont passées, et je n'entends pas entretenir à contretemps la flamme du plus célèbre des Culliérans, malgré la respectueuse gratitude qu'à moi aussi il inspire. Je suis néanmoins très heureux, dans un contexte qui nous appelle à raviver une autre flamme patriotique, d'être votre invité et de vous adresser à cette occasion les chaleureuses salutations du Conseil fédéral.

Mesdames et Messieurs,

Notre fête du 1er Août, fixée ce jour-là par convention il y a seulement 132 ans, émerge elle aussi de brumes formées de réalités et de mythes. Mais peu importe, au fond, que s'entremêlent légendes et vérités, car c'est bien la lecture que l'on en fait qui confère de l'épaisseur aux figures et aux événements du passé. Davel en est, trois cents ans plus tard, l'éloquente démonstration.

Si l'on peut entendre dans ces faits passés des avertissements de l'Histoire, c'est bien. S'il est permis d'y trouver des modèles inspirants, c'est encore mieux, a fortiori si ces modèles sont nobles et valeureux.

Notre fête nationale, donc, s'adosse à des événements magnifiés par la plume et le pinceau romantiques, mais gardons-nous pour autant de les dédaigner, car ils contribuent à mettre en lumière des qualités utiles à notre démocratie, utiles à nos institutions, utiles aussi à la cohésion du pays : le courage, la solidarité, la confiance, la loyauté sont de celles-ci.

Cette année 2023 mérite, s'agissant de nos institutions, une mention spéciale, puisqu'il y a 175 ans entrait en vigueur la Constitution fédérale qui a fait de la Suisse le pays que nous connaissons aujourd'hui. On a ainsi coutume de dire de ce texte qu'il fonde la Suisse moderne, devenue alors Etat fédéral, en instaurant du même coup la première démocratie stable en Europe. A l'époque, les Vaudois l'acceptèrent à 82%, un taux à faire rêver un conseiller fédéral un dimanche de votation...

Le principe de la souveraineté cantonale y était maintenu, mais dans un contexte dualiste qui voyait la Confédération assumer certaines tâches - encore restreintes il est vrai - selon le principe de subsidiarité. Le Conseil fédéral y était institué selon les normes que nous connaissons encore aujourd'hui, en particulier pour ce qui concerne les règles de la collégialité ou encore le rôle du président de la Confédération. Quelques éléments de démocratie directe virent le jour avec cette nouvelle Constitution, la liberté d'établissement et la liberté de culte étaient consacrées, et les douanes sur le marché intérieur furent abolies. Pendant ce temps-là, c'était encore le régime monarchique qui prévalait chez nos voisins européens.

Nous pouvons, je crois, être reconnaissants à nos pères de leur grande sagesse. Cette Constitution, qui était certes perfectible et qui a d'ailleurs connu trois révisions complètes en 150 ans, doit en effet être saluée pour sa modernité et pour sa capacité à assurer la concorde et la paix d'un pays aux contours irréguliers, aux cultures et aux langues diverses, à l'identité plurielle. C'est pourtant bien ce pays et ses valeurs fondatrices dont j'ai l'honneur de pouvoir faire l'éloge aujourd'hui devant vous, avec une fierté réaffirmée, même si ce mot est pénible à certaines oreilles pour qui l'autocritique nationale devrait en tout temps tenir lieu de ligne de conduite.

Comme beaucoup, je me félicite de pouvoir vivre dans un pays attaché au respect des droits fondamentaux, de l'équité, de l'égalité des chances, dans un pays indépendant et sûr, ouvert au monde comme Lavaux peut l'être aujourd'hui à l'égard d'un orateur de La Côte. Parmi d'autres, ces valeurs sont toujours consacrées, et avec ténacité, par notre actuelle Constitution fédérale de 1999.

Il suffit d'ouvrir les yeux sur d'autres réalités, aux quatre coins du monde, pour mieux nous convaincre de notre aubaine : privilégiés nous sommes, non pas par la chance ou par la divine providence, mais par les choix que favorise notre démocratie dans le sens de la sauvegarde des valeurs que je viens d'énoncer.

Sur ce plan, cependant, rien ne peut être donné pour acquis. Dans un contexte mondial très incertain, égoïste, violent, cynique, avide, notre pays doit néanmoins continuer d'exister et de faire rayonner les bases philosophiques qui sous-tendent notre Constitution.

L'avenir n'en reste pas moins préoccupant, Mesdames et Messieurs : les défis démographiques, énergétiques, environnementaux, infrastructurels, économiques, géopolitiques et formatifs sont considérables. Ils nous sont déjà lancés, et cela avec une acuité et à une échelle probablement jamais vues auparavant. Ils appellent donc de notre part la recherche de solutions visionnaires et courageuses dans un contexte où la concertation internationale, pour ne pas dire la realpolitik, pèse de tout son poids et dans le sens d'intérêts pas toujours transparents.

A cela viennent s'ajouter des résistances publiques croissantes, où les majorités peinent toujours plus à se dessiner et où les minorités ne veulent plus jouer de rôles subalternes.

Dans ce tourbillon, on se souvient avec une soudaine nostalgie que la Constitution de 1848 a été élaborée en à peine un mois et par un gremium réunissant moins de vingt personnes, là où certains projets, et pas seulement ferroviaires, connaissent dans notre pays un temps de gestation dépassant largement le quart de siècle, si tant est qu'ils finissent bel et bien par voir le jour...

Malgré les circonstances, Mesdames et Messieurs, baisser les bras n'est pas une option. Un honorable homme d'Etat français, Henri Queuille, nous a laissé cette extravagante citation, admirable contre-exemple d'action politique et d'engagement civique : « Il n'est pas de problème, disait-il, dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. »

Ma modeste expérience gouvernementale me conduit, vous l'imaginez bien, à une observation radicalement différente, convaincu - à l'instar de Davel sans doute - que la détermination et l'optimisme font plus avancer le monde que l'inertie et le laisser-faire. Je sais notre population largement partager ce point de vue, et c'est là pour moi une source de grande confiance pour notre avenir et pour les choix difficiles qu'il nous impose.

J'aimerais pour conclure exprimer toute ma reconnaissance aux autorités de Bourg-en-Lavaux pour leur aimable invitation, ainsi qu'à la population résidente et à l'ensemble des personnes présentes pour leur généreuse hospitalité.

A toutes et à tous, je souhaite une très belle Fête nationale 2023.

Vive la Suisse, vive le canton de Vaud et longue vie à la commune de Bourg-en-Lavaux !


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